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Keiro Shizen
6 février 2007

Les religions et la Nature

I. L'influence de la nature sur la société japonaise

1. Les religions et la nature

a. Le Shintoïsme

    Le shintoïsme est la plus ancienne des religions japonaises. Le terme shinto est apparu au VI° siècle lorsque le bouddhisme commença à s’implanter au Japon, afin de différencier ces deux croyances. Shinto signifie la voie du divin. On peut compter  travers le monde aujourd’hui cent millions de shintoïstes. Il sera bon d’étudier les caractéristiques de la religion shinto, ses principes fondamentaux puis son histoire et enfin ses lieux de cultes.

    Le shintoïsme emprunte à l’animisme, au chamanisme et au polythéisme. Il prône tout d’abord l’amour et le respect de la nature. Les dieux shintoïstes sont des personnifications des forces naturelles, des esprits cosmiques, et sont appelés Kami ( par exemple, Amaterasu, Déesse solaire). Ainsi, chaque  élément naturel concret peut devenir kami et illustrer un principe abstrait, comme l’Eau, symbole de fertilité. Certain kami représentent également les âmes de célèbres chefs de clans, ou d’ancêtres vénérables.  La communication avec les kami permet d’atteindre l’illumination et l’harmonie intérieure et extérieure (avec soi-même et avec la nature). Avec le temps, ces kami prirent une forme humaine, créant ainsi toute la mythologie japonaise. Le shintoïsme déclare également l’adoration de l’Empereur-Dieu (jusqu’en 1946) et affirme la suprématie du peuple japonais.

    Les principes fondamentaux du shintoïsme sont appliqués au travers du respect de la tradition et de la famille, puisque celle-ci permet de transmettre les coutumes religieuses. Les naissances et les mariages font l’objet des principales réjouissances, ils renouvellent les générations et conservent ainsi les coutumes. L’amour de la nature : chaque élément naturel est vénéré, il contient en lui un kami. Aimer la nature apporte la protection des kami et les honore. Il n’est nécessaire de prouver cet amour par des Matsuri, festivals dédiés aux dieux. La propreté physique est également obligatoire au culte des kami, les shintoïstes se purifient par l’eau le plus souvent possible.

(vidéo: une cérémonie shinto)



    Les premiers écrits shinto sont le Kojiki (712) et le Nihonshoki (720). Il s’agit de recueils de mythes et de légendes. Ils content la création du monde et expliquent pourquoi la lignée impériale est divine : elle descend directement de la déesse Amaterasu. La rédaction de ces ouvrages est contemporaine à l’apparition du bouddhisme au Japon : les chinois ont apporté sur l’île l’art de l’écriture. Durant la période Edo, les grands mystiques tentent de différencier le shintoïsme traditionnel japonais du shintoïsme influencé par les religions chinoises. Entre la période Edo et a fin de la seconde guerre mondiale, le shintoïsme devient religion d’état, et les activités des autres religions sont limitées. Ainsi, jusqu’à la capitulation suite à la défaite de 1946, les japonais vouent une adoration sans limite à l’Empereur-Dieu, et affirment la grandeur de la nation japonaise. Mais en 1946, l’empereur renonce officiellement  à sa nature et ses origines divines. Aujourd’hui, la plupart des japonais pratiquent plusieurs religions, il vouent par exemple un culte aux kami ancestraux, se marient dans une église chrétienne et  se font inhumer selon les rites bouddhistes. Cependant, le rapport des japonais  la religion shintoïsme est d’ordre culturel, une sorte d’inconscient collectif plutôt que religieux.

    Le shintoïsme se pratique dans des sanctuaires très dépouillés. « Un simple miroir, suspendu dans la sanctuaires, vient constituer l’essentiel du mobilier. La présence de cet objet s’explique aisément… Lorsque pour prier, vous vous tenez face au sanctuaire, c’est votre propre image que vous voyez se refléter dans la surface dansante et ainsi, cet acte de foi est comme une antique injonction delphique : Connais-toi toi-même, et tu connaîtras le monde, l’univers et les dieux. »
    Il existe au Japon 80 000 sanctuaires ; les plus imposants possèdent un torri, sorte de porche non fermé, qui signale l'entrée dans le lieu sacré. On peut par exemple citer le temple shinto de Miyajima (photo).


tshinto


    La plupart des temples shinto se situent dans des religions reculées, comme par exemple ceux de la région de Kumano, « le pays des arbres », située à l’extrémité méridionale de la péninsule de Kii, sur l’île de Honshu. Seul là, le promeneur peut rencontrer de petits temples shinto enfouis dans la végétation, entre le murmure de l’eau, et le silence feutré de la nage l’hiver et les grésillement des cigales l’été.  De même, à proximité de la longue plage de galets de Shichiri se trouve le sanctuaire Hana no Iwaya, qu serait le plus ancien de Japon. Ce n’est pas un édifice mais une grotte dans un gigantesque bloc de calcaire. Selon les Chroniques du Japon, compilation de légendes du VIII siècle, reposerait là la déesse Izanami no Mikoto, mère des huit millions de divinités que compte le shinto.


webtemple7


b. Le Taoïsme

    Le Tao, ou enseignement de la Voie en chinois est une des religions et philosophies les plus importantes du Japon.

    Selon le dictionnaire, le taoïsme est une religion populaire japonaise originaire de Chine. Cette religion est un amalgame du culte des esprits de la nature et des ancêtres, des doctrines de Lao Tseu et de croyances diverses. Le Tao est constitué d’une mystique quiétiste, une étique libertaire, un sens des équilibres  yin yang et une recherche de la nature ; mais en réalité, le tao originel ne fut pas une religion, mais bel et bien une « métaphysique ».
Malgré tout, aucune définition aussi complète et précise soit-elle, ne peut expliquer ou définir ce qu’est le Tao. Chacun de nous possède le Tao, mais il appartient de découvrir ce qu’il peut nous apporter, liberté, bonheur, longévité, éternité…. Il serait bon d’étudier les racines du Taoïsme religieux puis d’expliquer sa philosophie.

    L’essentiel de la religion taoïste reposait sur des rapports supposés intimes entre la nature et la société. Respecter les rythmes naturels tout en accordant ces derniers à la société devait constituer l’idéal d’une société agricole.
Le Tao rendait un culte à de multiples divinités, émanations de forces occultes telles que la foudre, le tonnerre ou le vent. On peut faire du taoïsme l’aboutissement de différents courants de pensée, tout d’abord un fond de superstitions populaires centrées sur la crainte et le respect des esprits, ces derniers symbolisant le plus souvent les énergies naturelles (eau, feu, terre…). En second lieu, entre le Ve et le IIIe siècle avant J-C, on vit se théoriser la croyance à l’immortalité et aux possibilités d’y accéder grâce à des pratiques ésotériques (régulation du souffle, concentration mentale…). Enfin, il se développa vers le IIIe siècle avant JC un double courant matérialiste, explicatif de l’univers et de ses mécanismes.
    La philosophie taoïste est basée sur trois textes écrits vers le Ive siècle avant J.C. et compilés sous la dynastie des Han : le Dao De Jing, le Zhuangzi et le Lie Zi. 
    Le Dao De Jing (ou Tao Te Ching, Livre de la Voie et de sa Vertu) est un court recueil d’aphorismes obscurs et poétiques attribué au père fondateur divinisé du taoïsme : Laozi (aussi nommé Lao-Tseu). Les taoïstes n’ont pas cessé de le lire, en l’interprétant très diversement au fil des siècles. Pour plusieurs courants, il fut au centre des cérémonies, pas exactement comme un livre sacré, mais plutôt comme un texte de prière.
    Le Zhuangzi, du nom de son auteur, est un recueil de fables dialoguées, vivantes et fortes d’un profond enseignement. La forme en apparence directe, plaisante et pleine d’humour, traite au fond de thèmes philosophiques rigoureusement sentis. Des générations de mandarins y ont trouvés une consolation des soucis de leur charge dans la figure d’un saint sans ambition, dégagé des contraintes sociales.

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    La religion taoïste peut être résumée en une expression : « l’Unique forme le Tout ». Le Tao refuse la philanthropie et la misanthropie, et ne participe à l’existence que par le non agir. Le Tao est ainsi basé sur une pensée onirique. Selon les philosophes taoïstes, comme Laozi, le Tao doit se fondre dans toutes les formes de la nature qui doit suivre l’évolution, respecter l’ordre des saisons, l’alternance du chaud et du froid par exemple. Cette loi naturelle est attestée par la conscience en chacun de la majestueuse beauté d’un paysage, de l’harmonie qui conduit un ruisseau à naître entre des pierres moussues avant d’aller, transformé en fleuve, se jeter dans l’océan. Toutes les formes, toutes les variétés de la nature ont leur place déterminée, et l’unité dans la diversité préside à l’absolu cosmique.
    Cette philosophie reflète la pensée d’un homme marqué par la cruauté, l’injustice et les abus de pouvoir. Ainsi, Laozi préconise de retrouver une forme de « paradis perdu » en soi : « Tout, dans la nature, travaille en silence. Les choses naissent et ne possèdent rien. Elles accomplissent leur fonction sans rien réclamer. Toutes les choses font leur travail dans l’apaisement. Après qu’elles ont atteint leur épanouissement, chacune retourne  à son origine. Retourner à son origine, cela signifie se reposer, remplir sa destinée. Ce retour est une loi éternelle. »
    Le taoïste n’est sensé n’être ni pieux ni dévot. Son silence est le début de la sagesse, et il va même jusqu’à ne pas parler du Tao. L’abandon des passions, des gesticulations éphémères et inutiles constituent l’idéal que recherchait Laozi : « cultiver son jardin » reste une vertu apaisante et curative, une philosophie à part entière.

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    En conclusion, selon le Tao, chacun de nous est une partie intégrante de l’univers. La lecture des textes anciens nous apprend sur nous même, sur la vie, ainsi que nos rapports aux autres. Nous sommes notre premier et principal ennemi. Pour rejoindre le Tao, la méditation solitaire est indispensable, elle permet d’échapper à la civilisation et à la culture qui cachent et transforment la véritable nature de toute chose.
     Le Tao est en nous, nous n’avons qu’a apprendre à le retrouver, et à l’utiliser afin d’approcher de la sagesse.

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